La spiritualité en Suisse est à l'ère de l'ego
Mis à jour le 27.10.14
De plus en plus, chacun décide pour lui-même en quoi il veut croire et comment il entend pratiquer.
Avec la liberté de choix, la sphère religieuse subit une pression concurrentielle croissante. (Photo: Keystone ARCHIVES)
Le libre choix de la religion met les communautés de croyants sous pression, car elles entrent en concurrence avec des loisirs séculiers, explique une étude sur la spiritualité des Suisses, soutenue par le Fonds national suisse (FNS).
Avec la liberté de choix, la sphère religieuse subit une pression concurrentielle croissante. Les individus évaluent aussi bien les offres religieuses que les offres séculières sur la base de la prestation et du prix, indiquent lundi des sociologues des religions de Lausanne et de Saint-Gall dans une recherche sur la religiosité et la spiritualité de la population suisse.
Marketing ecclésial
En Suisse, cette orientation vers la consommation s«est imposée depuis les années 1960, poursuivent-ils. La pression concurrentielle explique aussi pourquoi les communautés religieuses misent de plus en plus sur le marketing ecclésial.
Les religions sont également perçues de manière de plus en plus distante et critique, selon eux. Ainsi, 85 % des sondés sont plutôt d'accord ou entièrement d'accord avec le fait qu'au regard de ce qui se passe dans le monde, «les religions sont davantage source de conflit que de paix.»
Différentes représentations de Dieu
Les chercheurs ont divisé le paysage chrétien, spirituel et religieux en quatre types de croyances totalement différents. Plus de la moitié de la population (57 %) appartient au groupe des 'distants' qui, selon les sociologues des religions, continuera à croître à l'avenir.
Les 'institutionnels', en revanche, ne représentent plus qu'un petit cinquième de la population (18 %). Dans ce groupe les grandes communautés catholiques et réformées s«atrophient, mais les Églises libres charismatiques gagnent du terrain. Les 'alternatifs' (13 %) quant à eux se maintiennent, tandis que les chercheurs prévoient une nette augmentation du groupe des 'laïcs' (12 %) à long terme.
Dieu: un psychanaliste transcendant?
Des différences marquantes existent entre les quatre types de religiosité, notamment au niveau de leur compréhension de concepts tels que «Dieu». Tandis que pour les membres des Églises libres, Dieu est un ami, un être surnaturel et un faiseur de miracles, dans le groupe des 'institutionnels' des Églises catholique et réformée, Dieu est un mélange entre la figure paternelle et maternelle et un psychanalyste transcendant.
Le plus souvent, les 'alternatifs' considèrent Dieu comme une source d«énergie, de force et de lumière, tandis que les 'distants' ne savent pas exactement comment se le représenter, soulignent les chercheurs. Les 'institutionnels' sont quasiment unanimes (99 %) pour dire que Dieu s'intéresse à chaque être humain. Chez les 'laïcs', ils ne sont que 2 % à partager cette croyance, et pensent souvent que Dieu est une pure illusion.
Jörg Stolz, doyen de la faculté de théologie de l'Université de Lausanne, et quatre autres auteurs, dont la spécialiste de l'islam Mallory Schneuwly Purdie, ont consigné leurs résultats dans un livre qui vient de paraître en allemand. Une version française est attendue pour le printemps prochain.
Les sociologues ont mené une enquête auprès de 1229 personnes et ont procédé à 73 interviews approfondies. Ils ont également exploité de nombreuses autres sources de données. Cette recherche a été menée dans le cadre du Programme national de recherche «Communautés religieuses, État et société» (PNR 58).
(ats)
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(Romains 8:31) Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?