Chine: un évêque déposé par les autorités

Chine: un évêque déposé par les autorités
Natalia Trouiller - publié le 11/12/2012
Mgr Ma Daqin, l'évêque auxiliaire officiel de Shanghaï qui avait spectaculairement annoncé durant son ordination son intention de demeurer fidèle à Rome, a été "révoqué" par les autorités catholiques chinoises inféodées à Pékin.
Le 7 juillet dernier, il était devenu en un geste et un discours le symbole de la résistance de l'Eglise clandestine chinoise à l'opression des autorités de Pékin. Le geste: le refus silencieux durant son ordination épiscopale de recevoir la consécration des mains de Mgr Vincent Zhan Silu, évêque officiel de Mindong ordonné sans mandat pontifical. Le discours: ces quelques mots prononcés pour ses fidèles à la fin de la cérémonie: "A la lumière de ce que nous a enseigné notre Sainte Mère l’Eglise, que je sers désormais en tant qu’évêque, il me faudra consacrer toute mon énergie au ministère épiscopal et au travail d’évangélisation. Il est donc gênant pour moi de continuer d’assumer certaines responsabilités. C’est pourquoi, à partir de ce moment de mon ordination, il n’est désormais plus souhaitable pour moi d’être membre de l’Association patriotique des catholiques chinois".
> L'excuse n'a trompé personne: un tonnerre d'applaudissements a retenti dans la cathédrale de Shanghai, et aussitôt après la cérémonie, le tout nouvel évêque a été emmené par des agents du régime pour être placé en résidence surveillée. Quatre jours plus tard, la Conférence (officielle) des évêques de Chine avait annoncé qu'une enquête s'ouvrait sur les modalités de l'ordination épiscopale de Mgr Ma Daqin, "soupçonnée d’avoir gravement enfreint les règlements de la Conférence épiscopale de Chine à propos de l’élection et de l’ordination des évêques". Depuis, on avait très peu de nouvelles de Mgr Ma Daqin, dont on savait seulement qu'il était en vie et maintenu à domicile. L'enquête est donc close: Eglises d'Asie nous informe que la Conférence catholique des évêques a statué sur le sort de l'évêque rebelle à Pékin: sans surprise, il est révoqué et interdit d'exercer son ministère durant les deux prochaines années. D'autre part, le serment d'allégeance que les évêques officiels doivent prêter envers les autorités gouvernementales sera dorénavant renforcé.
> Quant au sort de Mgr Ma dans les jours, voire les mois qui viennent, Eglises d'Asie explique que "concernant le degré de liberté laissé aujourd’hui à Mgr Ma, des sources locales indiquent qu’il est toujours en mesure de poster sur Weibo (équivalent chinois de Twitter) ses réflexions à propos de l’Evangile du jour, qu’il peut également mettre en ligne des commentaires sur son blog et rencontrer des visiteurs. Toutefois, depuis mardi dernier 4 décembre, il n’a plus été vu dans la chapelle du grand séminaire où il concélébrait habituellement la messe avec d’autres prêtres". On peut redouter qu'il subisse le même sort que Mgr James Su Zhimin, qui a "fêté" ses quinze ans de captivité en assignation à résidence en octobre.