les chrétiens fuyant Bagdad ou Mossoul. Le gouvernement vient d'y décréter la neutralité religieuse dans les écoles.
IRAK: AU KURDISTAN, LES CHRETIENS LIBRES DE PRATIQUER
C'est une première dans tout le Moyen-Orient: hormis Israël, jusqu'ici, aucun pays n'y pratiquait la neutralité religieuse dans ses écoles. C'est pourtant ce qui vient de se passer dans la province autonome du Kurdistan, au Nord de l'Irak, au croisement entre Syrie, Turquie et Liban: le gouvernement de la province a décidé le 11 juin que les élèves de la région n'auraient plus à maîtriser de quelque manière que ce soit les préceptes islamiques pour obtenir leur diplôme. Mieux: les grandes religions y seront dorénavant présentées sur un pied d'égalité.
> Le ministre des affaires religieuses de la région explique au Huffington Post que "l'islam kurde n'est pas l'islam de l'Arabie Saoudite ou de l'Iran. Nous avons souvent eu à souffrir de ceux qui étaient nos frères musulmans. Cela nous a rendus plus tolérants, plus en mesure de voir le bien que les autres religions offrent à la société kurde". Légendaire, l'hospitalité kurde n'est plus à démontrer chez ce peuple qui a effectivement subi les persécutions de nombreux voisins. C'est pourquoi les chrétiens irakiens qui émigrent dans la province se voient attribuer une maison - une chance unique de repartir à zéro. Ils sont des dizaines de milliers à avoir rejoint la province depuis 2003.
> Mais tout n'est pas rose pour autant. Si beaucoup de chrétiens viennent chercher refuge au Kurdistan, peu y restent en réalité. Motif? La région, très pauvre, n'offre guère de perspectives d'emploi. Et le barrage linguistique décourage beaucoup d'arrivants. De plus, beaucoup soupçonnent les Kurdes d'être intéressés en accueillant ainsi une main d'oeuvre hautement qualifiée et peu politisée; plus grave, certains se demandent si la protection américaine dont bénéficie le Kurdistan n'est pas la véritable raison de l'accueil massif de chrétiens, et si cet accueil se fera dans les mêmes conditions lorsque les Américains seront partis. Mais pour autant, le Kurdistan irakien, si fragile soit-il, offre aujourd'hui aux minorités religieuses d'Irak l'espoir d'un pays où ils seront respectés. Déracinés et sans travail, mais respectés.